Eric, que vous retrouvez toutes les semaines dans notre podcast jardin "on sème FORT !" pousse un coup de gueule contre des dérogations et nous invitent à penser la taille autrement...

Le constat 

La taille des haies dans le monde agricole est interdite du 15 mars au 15 août en raison de la nidification des oiseaux dans les arbres (+7 m), arbustes (4 à 7 m) ou arbrisseaux (0,50 à 4 m).

Certaines préfectures ou communes étendent cette obligation aux jardins des particuliers ou des espaces verts.

En Alsace par exemple, les communes, les établissements scolaires… ne peuvent pas intervenir sur les haies du 15 mars au 31 juillet. Ce ne sont que des préconisations pour les jardinières ou les jardiniers.

Je ne suis pas d'accord avec ces dérogations !

MAIS, certaines préfectures reportent la taille des haies en avril dans le milieu agricole en raison de sols impraticables durant l’hiver.
DONC, les oiseaux sont priés de reporter leurs constructions et leurs « roucoulades amoureuses »...

Ma proposition : penser la taille autrement 

Je conseille les propriétaires de jardin ou les gestionnaires d’espaces verts pour qu'ils changent leur comportement vis-à-vis de la taille des arbres et arbustes.

Ma proposition vivable, viable et équitable est la suivante : « En profitant d'une nouvelle vision sur les aménagements et la gestion des jardins ou des espaces verts, il faut les entretenir autant que nécessaire mais aussi peu que possible

De plus, tout en se faisant plaisir et en respectant son style, il faut tendre vers moins de déchets verts ou vers leur valorisation simple in situ, vers l'optimisation des eaux pluviales en les gardant sur place, et vers la préservation de la biodiversité en créant des milieux de vie.

Un nouveau rythme s'engage coté entretien : ce qui est fait tous les jours doit être fait une fois par semaine, toutes les semaines ... une fois par mois, tous les mois ... une fois par an, tous les ans... après plusieurs années ! ».

Bien entendu, cette dynamique peut passer par des modifications d’aménagements simples. Le jardinier doit toujours pouvoir revenir en arrière.

Que fais-je devant une haie champêtre (espèces sauvages fruitières) ou une haie libre (espèces horticoles non taillées au carré + quelques espèces sauvages choisies) ?

Rien en ce moment car c’est trop tard pour tailler !

SINON entre août et mars, je passe devant les haies champêtres les mains dans les poches en me posant la question "si je dois tailler."

Contempler l'existant

Si tous les végétaux sont en place, s’accroissent ou se développent en équilibre en fonction des contraintes pédoclimatiques…je ne fait rien et je me réjouis de l’harmonie ambiante.

Par contre, si un végétal est malade ou créé de la concurrence spatiale (erreur dans le choix à la plantation ou présence naturelle grâce à la macro-faune).
Je coupe à ras : c’est un recépage total !

Ce végétal va de nouveau émettre des rameaux très vigoureux. Il sera recépé après plusieurs années.

Ces déchets de taille servent pour la cuisson ou le chauffage, ou pour les aménagements au jardin.

Maitriser les végétaux

Attention, il est important de planter les haies champêtres à bonne distance des pistes cyclables, chemins ou clôtures pour que ces dernières puissent se développer en hauteur et en volume.
Le passage d’outils de taille pour désépaissir comme souvent les épareuses déséquilibre les haies.
3 à 4 m est un minimum surtout s’il y a des arbres !

Pour les haies libres constituées d’espèces horticoles, les jardiniers ou les jardinières peuvent avoir la même attitude en recépant les individus qui « dépassent » la hauteur choisie.

L’idéal est de choisir « la bonne plante au bon endroit » pour le côté pédoclimatique mais aussi pour le volume et la hauteur.
Il faut donc la choisir par rapport à sa hauteur à maturité.
Bien entendu, les arbustes ou les arbrisseaux peuvent être taillés en étudiant leur « façon de pousser » entre acrotonie, basitonie ou mésotonie … mais c’est technique !

Pour les haies taillées, la forme au carré a des conséquences sur la floraison et surtout l’harmonie (dégarnissement de la base et floraison en haut pour les individus basitones).

Sans rien vous cacher : ne pas tailler en juin les haies de troènes au carré et surtout les charmilles (constituées de charmes ou de hêtres ou…) n’est pas idéal car il faut mieux intervenir quand les pousses sont molles et non quand elles sont dures (lignifiées).
Il y a moins de redémarrage !
Il faut donc trouver la bonne attitude en fonction de la législation.

Mon appel 

Merci au monde de l’agriculture (et les autres) de ne pas tailler les haies aujourd’hui et d’attendre l’hiver prochain … si c’est nécessaire !

Eric Charton - Linkedin